Le "Gros" au cinema et a la télé

C'est un constat assez flagrant de remarquer a quel point, le "gros" est mis en exergue comme "drole" ou "repugnant" dans le cinema et la télévision.

Je me suis toujours demandé d’où venait la grossophobie que j'avais subie depuis la fin de mon enfance et comment elle pouvait autant durer. Pourquoi des gens se détestent et pourquoi d’autres les détestent ?


En me penchant sur les films et séries qui ont accompagné mon enfance (entre les années 80 et 2000), j’ai réussi à saisir une partie du problème :
Le cinéma, un peu paresseux, ne s’est pas embarrassé à créer des personnages aussi variés qu’il n’y a de personnes sur Terre. Il a utilisé des clichés, en a inventé et en a beaucoup répandu.


Voici une liste des clichés que véhiculent le petit et le grand écran. Rien de rassurant donc :
  • Les gros·se.s sont moches
  • Les gros·ses ne pensent qu’à manger
  • Les gros·ses parlent de manière « stupide »
  • Les grosses ne peuvent sortir qu’avec des gros
  • Les gros·ses ont de l’humour alors ça va
  • Les gros·ses l’ont cherché
  • Les gros·ses ne seront jamais aimé
  • Les gros·ses ne font pas de sport
  • Les gros·ses ne peuvent pas danser
  • Les gros·ses ne peuvent pas faire de yoga
  • Les gros·ses sont anormalaux
  • Les gros·ses sont ridicules
Quelques exemples de gros du cinema:
 Les goonies
The Big bang Theory
On remarquera le retard mental en VF, pour dire qu'il est anormal.

Les Flingueuses ou Tammy (avec McCarthy que j'aime beaucoup)
Ou l'on montre les gros comme degueulasse, borderline, sans volontés et/ou violent et brute.


L'amour Extra Large: avec Jack Black (acteur loin d'être mince) qui se coltine Gwynet paltrow obese (meme si le film a une morale, il n'empeche que le film tache dans le body shaming)
.
Deja, on remarquera une chose: Quand l'Obesité concerne les hommes: ils sont plus mis en avant comme soit méchant de service/Brute/Connard peu intelligent. Mais dans le cas où ce sont les gentils: ils sont mis comme Drôle et attachant. Donc on le droit a la belle copine.
En revanche, quand cela concerne les femmes: Soit belle et mince, point final. Tammy est, je crois, le seul exemple ou cela ne fonctionne pas. Je n'ai quasiment pas souvenirs de l'image d'un gros "positif", même dans Sister Act avec Kathy Najimy.

Une grosse dans les comedies des années 90: Soit une naive excitée, soit une idiote attardée

Et les rares cas de "gros" positifs, qu'on trouve, cotés féminins: ce sont des femmes d'affaires, un peu a l'image d'Oprah, mais aux qualités humaines horrible...Pas très fendard d'avoir pour modèle: une gardienne de prison, une femme d'affaire misanthrope et radine, ou encore une  bourgeoise calculatrice et manipulatrice.

Suffit de se souvenirs des personnages jouées par les Balasko Mère et Fille:



Vilaine par exemple: même si le film est jouissif par certains cotés, il n'en reste pas moins que le film tacle bas. Et montre aussi les comportements que subissent une large majorité de jeunes femmes et jeunes hommes (meme si moins), en surpoids.

Quand l’on expose des personnes en pleine construction à des choses répétitives, elles assimilent ces dernières comme étant des vérités.


Un grand nombre de personnes ont donc grandi avec les peurs de ne pas être aimées, d’être rejetées, d’être ridicules ou stupides, tout en étant convaincues qu’elles l’avaient mérité parce qu'elles etaient en Surpoid voire Obèse. Elles se sont empêchées de réaliser des choses quand elles en avaient envie car il leur paraissait évident que ça n’était « pas fait pour les gros·ses ». Pire encore, ces clichés ont encouragé des personnes dans des voies plus dangereuses pour leur santé. Des personnes extraverties a la base ont finis par se cacher et a avoir peur du monde exterieur car se voyant comme des monstres.

Les films et les séries ne font pas qu’imposer aux grosses personnes la vision qu’elles doivent avoir d’elle même,  mais ont surtout incité le reste des gens à les traiter d’une certaine façon.
Mais si, vous voyez de quoi je veux parler; toutes les moqueries, toutes les remarques qui ne sont jamais condamnées à l’écran :
  • « Tu ne trouveras jamais personne si tu ne perds pas du poids »
  • « Allez bouboule ! Bouge ton cul ! »
  • « Tu as pensé à faire un régime ? »
  • « Tu devrais porter du noir, ça amincit »
  • « Encore 5 kilos et tu seras au top ! »
  • « Ne mange pas ça ! C’est plein de matières grasses ! »
  • « Tu es sûr·e que tu veux prendre un dessert ? »

Tous ces clichés ne s’arrêtent pas à la stricte limite du body-shaming. Dans cette complexe mécanique, un « homme gros » aura moins de soucis à trouver l’amour, mais attention, seulement s’il est drôle. Car s’il y a une chose que beaucoup de films nous ont « appris », c’est que sortir avec un gros est moins honteux que de sortir avec une grosse.
Il suffit de penser a Professeur Foldingue, Norbit, ou Pitch Perfect



Et l'exemple feminin du genre (avec drew barrymore, loin d'être grosse mais toute de meme appelée Josie grosse truie par sa classe):



On note également au passage l’aspect dichotomique qui règne dans les films. Soit on est gros·se, soit on ne l’est pas. L’entre deux n’existe pas vraiment, ou seulement pour présenter quelqu’un de relativement « normal·e » comme étant gros·se.
Sans oublier le tabou créé autour du mot « gros·se » . Devenu l’insulte ultime, ce qualificatif tout simple a dû laisser sa place à des mots comme « pulpeuse », « en chair », « avec des formes », « bien charpenté ».
Le cinéma ne s’est pas inspiré de la réalité: les gros·ses ne sont pas plus bêtes que les autres et ils ne sont pas des “sous-humain·e·s”. Mais à force de toujours montrer les mêmes clichés, de les répéter, ils gagnent une place dans la réalité (Sorte d’effet Golem et de méthode Coué).

À présent, au nom du réalisme, ces clichés-réalités ne sont que rarement démenti·e·s. Et si le cinéma tend à se diversifier, il faudra encore du temps pour guérir plusieurs générations de personnes, encore convaincues qu’elles sont des merdes parce qu’on les a définies comme telles à l’écran.


En attendant, il ne faut pas hésiter à répéter et à se répéter que ce sont des fictions et se concentrer sur des films avec des personnages un peu plus inspirants :


  • Bagdad café
  • Chicago
  • Ghostbusters (2016)
  • Grey’s Anatomy
  • Le château dans le ciel
  • Le Hérisson
  • Muriel
  • Orange is the new black
  • Steven Universe



 PS: Ghostbuster 2016 est fun, donc boudez pas votre plaisir, meme si le mechant n'est pas au top, j'espere vraiment qu'ils feront une suite.

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